Maurice Bardèche
Maurice Bardèche est né le 1er octobre 1907 à Dun-sur-Auron. Rien ne le prédispose à la carrière qu’il connut. Issu d’un milieu modeste, son intelligence et son travail lui permettent d’obtenir une bourse grâce à laquelle il poursuit de brillantes études. Il est admis en hypokhâgne au lycée Louis le Grand où il rencontre celui qui deviendra son meilleur ami : Robert Brasillach. Ils intègrent tous deux, en 1928, le célèbre établissement de la rue d’Ulm, l’Ecole normale supérieure, dans une promotion qui regroupe notamment Jacques Soustelle, Thierry Maulnier et Roger Vaillant. Ses études se terminent avec l’agrégation de lettres qu’il obtient en 1932. Il est désormais professeur. Il assurera des cours à la Sorbonne avant d’être titularisé à l’Université de Lille en 1942.
Il travaille à l’achèvement de sa thèse, sur Balzac, qu’il soutiendra avec brio en 1940 et dont il tirera un Balzac romancier qui paraîtra durant la guerre. Avec Robert Brasillach, dont il a épousé la sœur, Suzanne, il publie deux ouvrages qui feront date :L’Histoire du cinéma en 1933 aux éditions Denoël, et L’Histoire de la Guerre d’Espagne en 1939.
Durant leur « avant-guerre », il parcourt avec ses amis la France et l’Europe à vélo, s’adonne au camping.
La guerre et l’entrée en politique
Tandis que Robert Brasillach s’engage à corps perdu dans la politique, Maurice Bardèche poursuit ses travaux littéraires et universitaires. Mais les horreurs de l’épuration et notamment l’exécution de son beau-frère et ami, au matin du 6 février 1945, le décident à entrer en politique comme d’autres entrent en religion. Il affirmera dans Jeune nation, en 1959: « C’est la mort de Brasillach et l’épuration qui ont fait de moi un animal politique. La politique ne m’intéressait absolument pas avant cette date; à partir de ce moment-là, j’ai foncé dans la politique. » Lui-même est incarcéré durant six mois et révoqué pour avoir écrit trois articles littéraires dans des revues durant l’Occupation.
Il ne cessera plus dès lors de combattre pour la France et notre Europe, pour la mémoire des épurés et pour la vérité historique. Il entame alors une carrière de pamphlétaire remarquée : en 1947 paraît Lettre à François Mauriac. C’est un succès : 80 000 exemplaires sont publiés. Ce livre éclate comme une bombe dans la société française colonisée de l’après-guerre : il y dénonce l’épuration, la « morale » des vainqueurs et tous les ferments de dilution de la France et de l’Europe importés aussi bien par de Gaulle que par les communistes. Avec une acuité exceptionnelle, il entrevoit tous les dangers de la domination du matérialisme et de ses deux visages : communiste à l’est et capitaliste à l’ouest. L’année suivante, c’est Nuremberg ou la terre promise qui obtient un succès… judiciaire immédiat : le livre est saisi et Maurice Bardèche sera condamné à un an de prison ferme pour apologie de crimes de guerre. En fait il déniait aux « démocraties » le droit, légal et moral, de juger les dirigeants du IIIe Reich, car les crimes staliniens, gaullistes ou anglo-américains (depuis Mers el-Kébir jusqu’à Hiroshima et Nagasaki, en passant par Katyn, Brest et Dresde) n’avaient rien à envier à ceux des puissances de l’axe. Il sera d’ailleurs par la suite gracié par le président de la République René Coty. Il traverse alors de dures années : il doit travailler dans l’enseignement privé pour assurer la vie de ses cinq jeunes enfants.
Défense de l’Occident et Les Sept Couleurs
Maurice Bardèche va doter le nationalisme français d’après-guerre en France de deux fers de lance, deux instruments fondamentaux: une maison d’édition, Les Sept Couleurs (éponyme du titre d’un des meilleurs (et original) ouvrages de Robert Brasillach), en 1948 et, en 1951, la même année que Rivarol, une revue mensuelle, Défense de l’Occident.
les Sept Couleurs permettront à de très nombreux auteurs nationalistes, politiquement incorrects ou simplement non-conformistes, de publier leurs oeuvres. Des Campagnes de la Waffen SS à L’Ascension du MSI de François Duprat, L’Aventure du pétrole français de Pierre Fontaine en passant par L’Inquiétante évolution américaine de Pierre Hofstetter, La Bataille de l’OAS d’Axel Nicol, Le Véritable procès Eichmann ou Les Vainqueurs incorrigibles de Paul Rassinier, La « liberté » des communistes-Polices, prisons et camps soviétiques de M. Sylvestre et Z.Pierre ou encore La Droite buissonière de Pol Vandromme.
Défense de l’Occident sera le support des nationalistes français et européens durant plus de trente ans. Maurice Bardèche, secondé par des équipes brillante. , y gardera la flamme d’un nationalisme intransigeant. Tous les courants du nationalisme s’y exprimeront, de Tixier-Vignancour aux plus radicaux nationalistes européens. Cette revue reste un modèle de droiture doctrinale, d’ardeur devant les nombreux ennemis qu’elle comptait, pour la valeur de ses informations et de la formation qu’elle a contribué à assurer aux militant nationalistes de ces années.
Les plus grandes plumes y ont apporté leur contribution. Nous pouvons, de façon non exhaustive, citer : Lucien Rebatet,Robert Poulet, Jean Varenne, Thomas Molnar, Pascal Gauchon, Michel Marmin, Jean Madiran, Jacques Mayenne, Jean-Marie Aimot, Michel Déon, Pierre Gripari, Micheline Peyrebonne, le colonel Trinquier, Eric Vatré, Giorgio Almirante, Henry Coston, Alain Renault, Pierre Pauty, Alain Robert, Jean Picollec, Georges Gondinet, François Duprat, Jean Mabire, Jean Anouilh, Marcel Aymé, Jacques Benoist-Méchin, Georges Blond, Antoine Blondin, Bernard de Fallois, André Fraigneau, Jacques Isorni, Marcel Jouhandeau, Roland Laudenbach, Jacques Laurent, Henri Massis, Thierry Maulnier, Roger Nimier, Jacques Perret, Louis Rougier, Michel de Saint-Pierre, Paul Sérant, Bernard Vorgé, Charles Dreiser, Georges Ollivier,Daniel Cologne, Bernard Alapetite, F.-H. Lem, Guillaume De Ferette, Jean-Paul Roudeau, Hans-Joachim Rich, Heinz Roth, J.-P. Hamblenne, Mary Meissner, Alain de Benoist, Robert Faurisson, Faust Bradesco, Christian Baudinot, Philippe Darlange, Jean Perré, Jérôme Berthier, Luc Tirenne, René Pellegrin, Michel Peltier, Pierre Fontaine, Pierre Hofstetter, Robert Bonafon, Thierry Becker, etc. …
Le Mouvement social européen
Des différentes expériences nationalistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, Maurice Bardèche retient qu’il faut un nationalisme authentique, pur et dur. Il croit trouver son incarnation dans le Mouvement socialiste d’unité française, fondé en 1948, qu’il parraine. Mais la « démocratie » l’interdit un an plus tard. Convaincu que la France ne sera sauvée que si l’Europe est sauvée, il participe en mars 1950, à Rome, à une réunion de divers dirigeants nationalistes européens, puis à une autre à Malmö (Suède), en mai 1951. Plus de cent personnes s’y retrouvent dont Maurice Bardèche, l’Italien E. Massi et le Britannique Oswald Mosley, ancien dirigeant de la British Union of Fascists, ou le dirigeant du Mouvement de la nouvelle Suède Per Engdahl. Le Mouvement social européen est alors fondé mais il ne connaîtra pas le succès.
Après l’échec du MSE, Maurice Bardèche va se consacrer à sa revue et sa maison d’édition et laissera à d’autres le soin d’organiser des mouvements politiques.
Maurice Bardèche restera un implacable historien du fascisme et n’hésitera pas à en dénoncer les déviations. Il le fera notamment dans l’un de ses ouvrages politiques fondamentaux : Qu’est-ce que le fascisme ?
Il s’est distingué par ses références fréquentes au jacobinisme]] et à la Révolution française [1], et se rendait chaque année au Mur des Fédérés pour déposer une gerbe en souvenir de la Commune de Paris[1].
Il faut se souvenir aussi des 194 numéros de Défense de l’Occident, qui cesse de paraître en novembre 1982, laissant un vide encore perceptible aujourd’hui. La postérité gardera la mémoire d’un brillant universitaire, d’un fin connaisseur de Balzac comme de Flaubert et de Proust. Les nationalistes l’admirent comme l’un des plus courageux militants de l’après-guerre, comme un doctrinaire droit et inflexible. Maurice Bardèche est un modèle. Jean-Marie Le Pen, dans Français d’abord, saluera en ces termes sa disparition : « En humaniste accompli, nourri au lait de la pensée hellénique, il sut comprendre la mutation qu’imposait l’irruption de la technique toute-puissante dans notre monde moderne et réfléchir avec perspicacité sur le devenir de notre identité européenne» , ajoutant qu’il «fut le prophète d’une renaissance européenne qu’il espéra longtemps».